Le documentaire La Terre vue du coeur est encore à l’affiche pour quelques temps dans les Laurentides et ailleurs au Québec. On a rencontré la réalisatrice et la productrice à la mi-avril au Cinéma Carrefour du Nord.
Est-ce un autre film où l’on s’inquiète de l’impact que les humains ont sur leur environnement? Oui, mais il est conduit par une intention différente, celle de l’amour des humains qui y témoignent pour la richesse de la biodiversité.
Il y est question de la caractéristique des êtres humains par rapport à toutes les autres espèces de la planète, soulignée par Hubert Reeves: les humains sont la seule espèce vivante qui pratiquent l’art, la science et la compassion pour les autres espèces.
Il n’y a jamais eu d’alarmisme dans le ton d’Hubert Reeves, cet astrophysicien de 85 ans, qui est la base de ce film. Il n’y en a pas non plus pour la réalisatrice Iolande Cadrin-Rossignol, qui en est à un troisième film avec M. Reeves. On lui a demandé pour qui elle faisait ce documentaire: «Je le fais pour ceux qui sont convaincus de la fragilité de notre planète et qui ne sont pas encore dans l’action, dit-elle. Pas question non plus d’agresser les gens», dit-elle en faisant à certains documentaires faits sur le ton de la catastrophe annoncée.
«On a trouvé des références dans leur domaine — en permaculture et en biologie marine, mais aussi en philosophie — pour inciter à l’action et à la préservation de la biodiversité. Même une plante sur un balcon, c’est déjà un geste pour la biodiversité», ajoute la réalisatrice.
Art, science et compassion
Au fil de leur démarche qui a duré trois années, la productrice Marie-Dominique Michaud et la réalisatrice ont réalisé que la conception que l’on se fait de l’être humain depuis la théorie de l’évolution de Darwin est peut-être basée sur une mauvaise interprétation. Il y est question de «la survie du plus fort», disent-elles, alors qu’en fait le survival of the fittest énoncé par Darwin s’exprimerait peut-être mieux par «la survie du mieux adapté».
Quand on comprend le pouvoir des humains sur leur planète comme un effort d’adaptation, il est facile de constater qu’il n’est plus question depuis longtemps d’adaptation mais plutôt de domination. Selon M. Reeves, c’est là que la révolution industrielle a commencé à le pillage des ressources dans le milieu de vie de toutes les espèces mais aussi des humains, dont la survie à long terme n’est pas garantie si rien ne change.
Mme Cadrin-Rossignol a choisi de faire un film plutôt qu’une série télé parce que c’est un bien durable. «On dit que la durée de vie d’un film est de 25 ans. Quand on a de la chance, il peut vivre encore plus longtemps», disait-elle en référence à un film qu’elle a fait en 1983 à propos de Laure Gaudreault, une pionnière du syndicalisme des enseignantes des écoles de rang au Québec, et qui trouve encore son public 35 ans après.