« C’est en forgeant qu’on devient forgeron », dit le proverbe. Et si, dans le vocabulaire officiel, c’est un Centre de simulation clinique haute fidélité en soins infirmiers que le Cégep de Saint-Jérôme inaugurait lundi, l’idée reste la même. Rien ne vaut la pratique pour parfaire l’apprentissage.
On retrouve au Cégep des locaux identiques aux salles spécialisées d’un hôpital, où les étudiantes infirmières traitent des «patients» – des mannequins intelligents – qui sont en fait des machines très complexes.
Essentiellement, la technologie compte sur des patients robotisés qui sont animés et dirigés à distance par les enseignants. Les étudiants approchent les robots comme s’ils étaient des patients humains. Ils ont des signes vitaux, peuvent répondre aux questions si requis, réagissent aux injections de fluides et solutés ainsi qu’à tous les soins des élèves.
En plus des signes physiologiques, les mannequins intelligents permettent un contact simulé avec l’humain, ses peurs, des réactions et ses questionnements. Les étudiants ont donc de véritables conversations avec les mannequins.
Un accouchement… en pleine présentation!
Les simulations sont d’un réalisme total. Les personnes qui assistaient à l’inauguration officielle sont d’ailleurs tombées facilement dans le panneau lorsque la cérémonie de lancement a été interrompue par une jeune femme enceinte qui a perdu ses eaux en pleine présentation… ce qui a permis d’enchaîner avec une simulation d’accouchement!
Le centre existe, entre autres, grâce à un soutien financier de 1,6 M$ de la Fondation du Cégep. Il permet à ses finissants d’obtenir une formation de haut niveau, acquise dans des situations d’un réalisme très poussé. Son implantation s’est déroulée sur quatre ans.
Au département de soins infirmiers du Cégep, on utilise les simulations comme moyen de formation depuis 2014. Aujourd’hui, le programme compte 34 scénarios d’intervention, entre autres en pédiatrie, en médecine, en chirurgie, en traumatologie en santé mentale, en ambulatoire, etc.
Les finissants du printemps 2020 seront la première cohorte d’étudiants à avoir profité des simulations durant toute leur formation.
En quelques lignes
- Les laboratoires sont aménagés sous forme de chambres, avec de la technologie spécialisée ( oxygène, air comprimé, appareil à succion, appareil à signes vitaux, etc.).
- Pour chacune des chambres, il y a un poste d’infirmière, une salle de contrôle, et une salle de breffage-observation-débreffage.
- Les chambres sont équipées de caméras vidéo qui permettent d’observer toutes les interventions. Elles représentent quatre chambres d’hôpital individuelles et une chambre triple.
- Cinq salles de contrôle permettent de diriger le déroulement des scénarios et enregistrer les simulations. Des logiciels sont utilisés pour programmer les scénarios et la captation audio et vidéo, ce qui permet ensuite d’analyser le comportement des participants.
- Six mannequins intelligents: trois simulateurs masculins, un simulateur féminin pour les accouchements, un simulateur enfant et un simulateur de nouveau-né.
Des résultats concrets
Les scénarios deviennent de plus en plus complexes pour répondre aux besoins de formation de plus en plus pointus et les résultats sont probants.
Geneviève Barrette, coordonatrice du centre de simulation, avait des exemples où des simulations ont permis à des étudiantes de rapidement appliquer ce qu’elles y ont appris.
Ainsi, après une simulation, un élève stagiaire a été capable d’identifier une hémorragie post-partum à la suite d’un accouchement et d’intervenir correctement. Dans un autre cas, une autre élève a aussi réagi correctement auprès d’un nouveau-né dont les voies respiratoires étaient obstruées.
« Le fait d’avoir fait des simulations fournit aux étudiantes une plus grande confiance en soi, réduit leur stress, augmente leur autonomie et contribue à une meilleure qualité et une meilleure sécurité des soins », dit-elle.
Les étudiantes en soins infirmiers ont toujours fait des stages, mais rien ne garantit que chaque série de stages couvre toutes les situations jugées essentielles pour leur formation. Parrfois, ces situations ne se produisent tout simplement pas pendant un stage, ou encore, les cas sont trop urgents ou complexes pour laisser des stagiaires y participer.
Grâce aux simulations, on peut maintenant assurer que chaque finissante a au moins simulé chacun des cas les plus importants.
Le Cégep de Saint-Jérôme dans le « top 5 »
La directrice générale du Cégep Nadine Le Gal a rappelé le rôle important de cette institution. « Depuis 1968, il a enrichi le réseau de la santé de près de 3500 infirmières diplômées à Saint-Jérôme et depuis 2001, en a formé plus de 200 à Mont-Laurier.»
Un important projet pour la Fondation
La Fondation du Cégep a donc atteint et même dépassé l’objectif de 1,6 M$ de sa campagne Voir grand pour soigner.
Le maire de Saint-Jérôme Stéphane Maher, co-président d’honneur de la campagne avec le Dr Michel Massé, de Mont-Laurier, a souligné le rôle important du Cégep dans la consolidation du savoir et des ressources de santé dans la région.