Lettre ouverte à mon Publisac

Charles Michaud 11 commentaires

Mon cher sac,

J’ai vu ta note. Plus précisément, quelqu’un qui a vu ta note me l’a donnée. Ça fait net et précis: Publisac: 10 mythes et réalités. Cliquer ici pour les lire en numérique. J’ai compris.

Je suis bien content que tu aies le désir de distinguer les mythes des réalités. Mais je ne te crois pas.

Je ne sais pas combien ça prend de personnes, de consultants en communication, de responsables de marketing ou de gestionnaires pour s’enfermer dans une pièce assez longtemps pour en arriver à dire « aucun arbre n’est coupé pour produire des circulaires ». Mais tu y es arrivé. C’est de la grande comm! Permets-moi d’ajouter aussi que Bill Clinton n’avait jamais inhalé. Et que Trump ne connaît pas de Russes.

Tu me dis que tu contribues à réduire la pollution à la source parce que tu as un numéro 800 qui permet à 200 000 foyers de se soustraire à ton fourrage industriel de sacs en plastique. Je reconnais que c’est vrai, mais ce serait une goutte d’eau dans l’océan.

Mais j’ajoute que l’on réduirait beaucoup plus la pollution si tu distribuais tes sacs seulement à ceux qui le demandent. Comme les élus de Mirabel sont en train de te forcer à le faire.

Pas rentable

Oui je sais. C’est bien là que le bât blesse: ça coûterait trop cher. Ça ne serait pas rentable.

Puisque l’on jase de pas rentable, tu te souviens?

En 1996, General Motors lançait la EV-1, une auto électrique. Zéro émissions toxiques. Hélas, GM a abandonné la EV-1. Pas rentable.

Où en serions-nous aujourd’hui si, il y a un quart de siècle, le gouvernement avait forcé GM, le plus important fabricant mondial d’autos, à fabriquer une auto non rentable?

Peut-être même qu’il aurait fallu un jour débourser des fonds publics pour les sauver de la faillite…

Quelques réalités

Voici une réalité: si on veut communiquer un message à quelqu’un, il n’y a à peu près rien de plus lent, de plus polluant, de plus temporaire, de moins «à date» et de plus laborieux que de l’imprimer, de le mettre dans des sacs, et de le distribuer à toutes les portes en espérant qu’il soit cueilli et éventuellement vu ou aperçu dans un amas de papier.

Communiquer? Demande à n’importe quel ado de réunir 5-6 de ses amis dans une vingtaine de minutes. Il va te montrer comment ça marche…

Tu n’es pas responsable de cette évolution, Publisac. Dans l’ancienne réalité, tu as même honorablement gagné ta vie, tant que c’était une pratique raisonnable.

Tu as d’ailleurs compris que cette activité tire à sa fin car ton président prend bien soin de dire à ses actionnaires que tu fais un virage vers l’emballage pour assurer ton avenir.

Il n’y a rien de répréhensible, ni d’amoral, ni de mal à être une compagnie. Mais ton intérêt, Publisac, c’est de continuer à être une compagnie.

Alors cette soudaine conscience sociale, ce soudain souci de l’environnement, cette soudaine défense du droit à l’information?

Après 30 ans, ne trouves-tu pas qu’il est tard pour en discuter?

Et si on vous envoyait nos nouvelles le samedi matin?

On est là pour vous informer.

Vous pourrez vous désinscrire quand vous voudrez, ou changer la fréquence de vos envois.

Vous voyez de l'information inexacte dans cette page? Dites-le nous!

11 réflexions à propos de <i>Lettre ouverte à mon Publisac</i>

  1. Ça fait très très longtemps que je trouve le Publisac inutile et polluant. Je le mets directement au recyclage sans l’ouvrir.

    Répondre
  2. Personnellement j’apprécie beaucoup le Publisac car ainsi je peux magasiner et trouver les aubaines sans faire des kilométrages de routes pour aller voir là ou il y a des aubaines et ainsi économiser de l’essence , économiser mes énergies et faire vivre mon milieu de vie .

    Répondre
    • Et bingo! Vous pourrez continuer à le recevoir si vous le demandez. Ça l’air difficile à comprendre que le mouvement ne veut pas interdire le Publisac, mais qu’il soit distribué seulement à ceux qui le veulent.

      Répondre
  3. Bonjour monsieur Michaud,

    J’aime bien lire vos articles, mais laissez-moi vous faire part de mon désaccord avec votre point de vue sur ce sujet.

    Aussi grande votre qualité de journaliste soit-elle, comment pouvez-vous aussi simplement nier le fait que les circulaires/journaux du Publisac ne SONT PAS fait à partir de résidus de scieries (tel que mentionné dans l’imprimé… d’ailleurs, pourquoi avoir rogné et flouté l’image de cet imprimé, de façon à ce que ce ne soit pas visible?). Avez-vous communiqué avec Publisac pour en savoir plus? Avez-vous visité leurs installations afin d’affirmer que leur affirmation est fausse et mensongère?

    Je comprend également que votre modèle d’affaire ne mise que sur le web, mais dénigrer le Publisac sans faire enquête ou même quelques appels et embarquer dans la voie de l’opinion populaire (dans le but, au passage, de mousser votre journal web), cela constitue une forme de démagogie.

    Un ado peut réunir 5-6 de ses amis dans une vingtaine de minutes. Vrai. Demandez la même chose à une grand-maman de 70 ans. Elle écrira probablement des lettres qu’elle ira poster. Le fait est que la population n’a pas toute 15 ans (heureusement!), et bien que cela ne vous convienne pas, le Publisac répond encore à un besoin bien réel. Y a-t-il moyen de réduire son empreinte écologique? Oui. Mais peut-être pas de la façon que vous proposez (c-à-d, en fermant l’entreprise et en envoyant des centaines de personnes au chômage).

    En espérant que ce commentaire sera publié tel quel, pour que tous puisses apporter d’autres arguments à la discussion,

    Merci, et continuez votre (habituellement 😉 ) bon travail!

    Répondre
    • Merci de faire connaître votre point de vue monsieur Gérant.

      Merci de dire que vous aimez mes textes et de faire allusion à ma «grande qualité de journaliste » ainsi qu’à notre travail « habituellement bon » mais je doute de votre sincérité. Je crois plutôt que c’est une flatterie destinée à donner une autorité morale à votre propos. Ce qui serait une définition approximative de la «démagogie» que vous me reprochez plus loin.

      Mais voyons les faits de votre lettre.
      Vous inventez de toutes pièces une manipulation de notre photo pour m’accuser d’escamoter que les circulaires sont faits à partir de résidus de scieries. Pourtant les «grands journalistes» ne manipulent pas les photos. Et moi non plus d’ailleurs.
      TopoLocal cadre ses photos afin de communiquer un message graphique. La mise au point est sur le titre du feuillet de Publisac et les éléments de texte sont flous à cause d’un phénomène photographique anodin, celui de la profondeur de champ.
      Par ailleurs, pour que nos lecteurs puissent être au fait des allégations de Publisac et de l’ensemble de leur argumentaire, ils sont accessibles via un lien dans la première ligne de notre texte. C’est nettement plus efficace qu’une photo.

      Bref, je n’ai rien escamoté.

      Par ailleurs, je ne nie aucunement que le papier des circulaires soit fait de résidus de scieries. Cela dit, j’ai une seule question pour vous sur le sujet: qu’est-ce qu’on coupe pour donner des résidus de scieries ?

      Enfin, vous laissez entendre que j’ai fait mon texte sans enquête. Qu’en savez-vous?

      Vous dites que c’est pour dénigrer Publisac. N’avez-vous pas lu les derniers paragraphes du texte? Franchement je n’ai rien à cirer de la nature de Publisac. C’est elle qui s’est invitée dans le débat public sur l’environnement, sur l’information et sur la création d’emploi. D’une façon que je crois tardive, un peu superficielle et nettement intéressée. Suis-je malhonnête de le dire?

      Vous dites que c’est pour mousser TopoLocal. Je n’ai fait aucune mention de notre modèle d’affaires dans mon commentaire.

      Vous dites que c’est par démagogie. Désolé encore, mais non.

      Vous dites que c’est au mépris de la population âgée. D’une part, c’est vous qui la caractérisez comme ayant recours à écrire des lettres pour organiser une rencontre d’amis ( alors que l’usage du téléphone domine dans ce groupe d’âge et que celui des textos augmente constamment ). D’autre part, je n’ai pas écrit le moindre mot faisant allusion aux personnes âgées dans mon texte. Pas un mot.

      Vous affirmez enfin que je propose la fermeture de Publisac. Je n’ai rien fait de tel. C’est plutôt Publisac qui brandit le spectre de la fermeture dans l’éventualité où son droit de distribuer étai règlementé plus sévèrement.

      Pour ma part je crois tout simplement que seuls les gens qui demandent expressément à recevoir des circulaires devraient en avoir.

      Ce devrait être assez simple puisque pratiquement tout le monde en veut …si l’on croit les affirmations de Publisac!

      Répondre
      • D’abord, monsieur Michaud, soyez rassuré, les qualificatifs utilisés à votre égard étaient sincères. Comme je le mentionnais, je consulte votre site régulièrement (presque quotidiennement), et la grande majorité de vos articles sont bien rédigés, étoffés et très intéressants. De mémoire, cet article est le premier à m’avoir fait sourciller le regard, et je tenais simplement à obtenir quelques précisions.

        Vous avez raison, ce sont des arbres qui sont coupés pour avoir ces-dits résidus, des arbres qui servent à construire des maisons, des meubles, instruments, outils, etc. Suivant votre logique, et pour résoudre le problème à la base, soit ne plus avoir de résidus de scieries, il ne faudrait plus couper d’arbres du tout?

        Vous avez raison encore sur le fait que vous n’avez pas explicitement fait de la pub pour votre média, mais vous écrivez dans un journal web, et eux distribuent un journal papier. Si j’ai un commerce de vin, et que je dis que le commerce de bières est rétrograde, polluant et indésiré… enfin, vous savez combien font 1 et 1.

        Enfin, je suis bien au courant que la poste ne sert plus à envoyer de lettres, mais la comparaison était plus justifiée avec email/texto vs. lettre postale que email/texto vs. téléphone. Je ferai plus attention aux différents niveaux dans mes prochains commentaires. Vrai aussi que vous ne mentionnez pas les personnes âgés dans votre texte, ni même les adultes d’ailleurs. Mais exiger que le Publisac revoit son modèle d’affaire avec comme seul argument, sur le plan social, que « n’importe quel ado » arrive à communiquer avec tout le monde sans avoir recours au journal serait tout de même inapproprié. J’ose croire que ce n’était pas le but recherché.

        Bref, je suis content d’avoir lu votre réponse, autant que d’avoir lu l’article original. Sachez que je ne m’en prenais pas à vous, mais bien à votre article 😉 . Je suis conscient que ce dossier est très polarisant, et j’ai hâte de savoir ce qui sera fait (ou pas) afin d’amener le Publisac dans la réalité d’aujourd’hui!

        Meilleures salutations!

        Répondre
  4. Cher Charles,
    J’ai été journaliste à St-Jérôme et à Montréal, directeur d’un journal communautaire et rédacteur en chef d’un magazine mensuel très connu. J’ai ensuite étudié les questions relatives à la presse à l’université et a dirigé les relations de presse d’un député fédéral. Il me fait plaisir de partager mes réflexions sur le thème du sac de pubs et de l’information, puisque tu nous y invite.

    Dans l’ancien temps, avant l’Internet, toutes les annonces se retrouvaient dans les pages du journal. Source principale d’information locale, avec la radio et parfois la télé communautaire, le journal était en-soi un enjeu et les regroupaient tous. Cela cimentait la collectivité.

    En plus de nouvelles abondantes, il y avait des éditoriaux, des chroniques d’humeur et même du journalisme d’enquête! Bigre! Mais le capital a trouvé d’autres canaux et jeté le reste au recyclage. On peut se demander sur quelles assises de remplacement reposent désormais nos communautés.

    La pollution et l’information locale sont les deux principaux enjeux. Malheureusement, il semble que les questions environnementales, bien que préoccupantes et nécessaires, éclipsent celles sur un déficit manifeste de communication sociale.

    Désolation

    Charles, je t’invite à faire le tour des boîtes dites « communautaires » dans les beaux quartiers de St-Jérôme, ou dans les édicules des blocs à appartements, le lendemain de la distribution du sac. La plupart des gens ne le prennent pas, plusieurs remplissent le bac ou la poubelle. Ça traîne souvent par terre, au gré des vents. On prend la pub du Canadian Tire et bazarde le reste, par exemple. Les taux de lectorat revendiqués par ces entreprises sont souvent jovialistes. La lente chute des hebdos locaux, depuis le virage de la distribution par le sac, révèle à certains égards un déficit d’éducation populaire aux affaires publiques et à l’exercice de la citoyenneté.

    À un moment, au service de la collectivité, j’ai été surpris qu’il y ait énormément de gens, même ceux assez fortunés et éduqués, qui malgré tous les efforts de comm, ne connaissaient pas le nom de leur député fédéral, ni celui du maire, confondaient les responsabilités des ordres de gouvernement, ou ne savaient que douze lignes d’un important débat censé influencer directement et concrètement leurs vies. Pourtant, on en parlait depuis un mois dans l’hebdo local!

    Mutation

    Vois-tu, Charles, je suis convaincu que seuls les artisans journalistes qui ont vécu l’ « avant » Internet peuvent en tirer le meilleur parti, à condition de prendre le virage, toujours dans l’objectif premier du journalisme : informer le public. Les jeunes innovent, ont des connaissances à jour, sont dynamiques. Les vétérans ont une base d’expérience, une sorte d’accumulation de toutes les salles de rédaction depuis belle lurette. C’est pourquoi je soutien le modèle d’affaires de Topolocal et autres médias alternatifs.

    En passant… le préjugé vieillot qui confine nos aîné.es au bigophone à crinque est révolu, Jean. Si le lectorat vieillit, il n’en est pas moins désormais branché. Avoir 70 ans et être très habile avec son cellulaire, sa tablette, son ordi… c’est loin d’être rare et ce le sera encore moins dans 10 ans. À l’accroissement du vieillissement de la population, on constate inversement une chute des relations épistolaires (la poste!). Si nos aîné.es – de plus en plus nombreux par rapport aux jeunes – étaient des incompétents numériques et tellement attachés au papier journal… La Presse du dimanche serait encore livrée chez-vous par un camelot!

    Enfin, en tant que grand consommateur de médias écrits imprimés et numériques, je ne gagerait pas un vieux 2 $ sur la survie des hebdos locaux. Une fois le sac mis hors d’état de nuire, le débat sur le soutien aux médias locaux devra être renouvelé et mis à l’ordre du jour. Si cela est un impératif démocratique, que la presse soit libre, elle doit toutefois assurer sa survie.

    Encore une fois, merci Charles. Je ne t’ai probablement rien appris, puisque que tu connais les ressorts de la presse écrite mieux que quiconque dans l’Nord. J’espère que la suite des choses te permettra de revenir sur ce dossier prochainement.

    Normand Lalonde, 12-12-19

    Répondre
  5. Vraiment mais vraiment pas utile quand il le lance et devient tout mouillé même si tu as un crochet à publisac.

    En passant, le Topoweblocal peut devenir très poluant avec sa mauvaise publication ou un polluant de pubs.

    Les journalistes doivent se MODERNISER et être très créatif dans l’information.

    Répondre
  6. René Ouellette

    Moi ça fait plus d’un an que j’ai installé la petite affiche afin de ne plus recevoir le Publisac. Ça fonctionne. Si je veux voir les spéciaux, dont j’ai besoin, je vais sur le site : https://www.publisac.ca/. Où bien directement sur le site de l’entreprise. Et voilà! Vous tous qui prenez le temps de commenter ici, vous utilisez fort probablement un appareil sur internet n’est-pas? Alors pourquoi ne pas utiliser le site web au lieu de recevoir le Publisac à la maison? Je me pose la question… 😉

    Répondre

Répondre à Normand Lalonde Annuler la réponse

TopoLocal