Un snowbird raconte ses 5000 km de route en pandémie – souper confiné – jour 29, le 24 avril 2020

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Voilà maintenant plusieurs jours qu’on partage un repas ensemble. Si c’est votre première fois, vous pouvez lire nos rendez-vous précédents.

Voici donc le «souper confiné» du jour. Nous vous en présentons du lundi au vendredi en ces temps de pandémie. Aujourd’hui, on a confié la tâche de ce souper à un invité.

Si vous voulez contribuer à la réflexion, vos plats sont les bienvenus à [email protected].

Notre auteur invité aujourd’hui est Richard Nantais. Il est aussi l’auteur des photos qui accompagnent le texte. Ex-jérômien impliqué dans le monde de la photographie, il a aussi été le président fondateur, il y a quelques années, du club Passion photo Laurentides. Maintenant, il partage son temps entre l’Arizona et Saint-Ferdinand, au Québec. Il nous raconte…

Ma conjointe Suzanne et moi sommes à la retraite depuis 2017. Notre plan de retraite était de vendre la maison, de vivre à plein temps dans notre petit motorisé et de voyager l’hiver dans des états plus chauds.

Le premier hiver nous avons visité le Texas, puis l’année suivante l’Arizona, état avec lequel nous sommes tombés en amour. Cela fait deux hivers qu’on y demeure. Notre endroit favori est Cave Creek, une petite ville située au nord-est de Phoenix. Nous avons déniché un petit ranch qui accepte les VR. Je peux y faire de la photo en masse et Suzanne monte à cheval presqu’à chaque jour.

Richard Nantais avec sa conjointe Suzanne et leur fidèle compagne Mya.
Cave Creek, en Arizona, où nos nomades ont choisi d’installer leur domicile d’hiver.

A la mi-mars, quand les USA ont entamé des mesures face à la pandémie, nous étions toujours à Cave Creek. Un couple d’amis devait venir nous rejoindre, mais leurs plans de voyage ont été bousillés. La réalité de la pandémie nous a rejoint à ce moment-là.

D’abord des étagères vides

Dans cette ville du midwest américain, fief solide de Trump et du deuxième amendement, le virus ne faisait pas partie de la vie des gens. Tout continuait comme si rien n’était. Tout semblait normal, jusqu’au jour où je vais au Walmart et je vois tous ces rayons de papier de toilette vides.

J’arrivais pas à le croire. Manquer de papier Q aux USA! Alors je me suis mis à chercher des traces ailleurs du pourquoi de cette panique. Étrangement rien ne paraissait à l’extérieur. Les restaurants et bars fonctionnaient à plein régime, les parcs d’état étaient pleins, bref tout allait bien.

Les consommateurs n’ont pas tardé à se faire des réserves, provoquant des pénuries dans les épiceries.
Quand trouver du papier de toilettes tient de l’exploit…

Mais la situation au Québec s’envenimait. Les politiciens ont rappelé les snowbirds au bercail. Je me demandais ce qui se passait. Pourquoi ici en Arizona tout était mort (sans faire de jeu de mots) et que la panique grandissait chez nous? On commençait à se poser des questions. Puis il est arrivé un événement que j’oublierai jamais. Un magasin de nourriture décide d’offrir aux personnes âgées (65 ans et plus) la possibilité de faire leur épicerie le matin avant l’ouverture. Vous auriez dû voir la chicane! Les gens frustrés de ne pas pouvoir piller les réserves de papier de toilette avant tout le monde.

Par un pur hasard je me suis pointé à ce magasin vers 10h. Il y avait sept voitures de police, tout le monde criait, c’était la révolution! N’oubliez pas, je suis toujours au pays des armes. Voilà que le gouverneur annonce 2-3 heures plus tard qu’il a demandé à la Garde nationale de se déployer en Arizona. Pour la première fois de mon séjour j’ai pensé à notre sécurité. Ce n’est donc pas le virus qui nous a chassés de l’Arizona mais la crainte des gens. Normalement nous devions prendre la route le premier avril et remonter en 23 jours en visitant divers endroits. Revenir au Québec trop tôt en avril en VR n’est pas facile.

Le retour

Le 24 mars nous avons pris la route. Au milieu d’une avalanche de fake news. J’explique: pour se référer lors de nos voyages nous utilisons beaucoup les groupes et pages de Facebook. Pas une bonne idée. Les gens racontent n’importe quoi et les histoires étaient amplifiées au point d’être déformées.

« Quand on roule moins d’heures par jour, nos voyages sont plus agréables. »

Pénuries de diesel, camping fermés, pas de services le long des autoroutes, tout y a passé, sans compter les risques d’êtres contaminés par tous les oiseaux sauvages et les pompes à essence. Alors j’ai trouvé des sites gouvernementaux comme le CDC et des sites privés pour les camionneurs. Nettement plus utiles.

La carte ci-jointe vous donne une idée de notre trajet. Nous roulons 4 à 5 heures par jour et on couche à chaque soir dans un camping. On arrête tôt, une bonne douche, chaises de patio et une bouteille de vin! Depuis que nous faisons cela nos voyages sont plus beaux et moins pénibles.

Avant de revenir vers le Québec, le retour d’Arizona comporte une longue traversée du sud des États-Unis, en territoire Trump.
Le Texas en plein activité

Deux choses m’ont frappé lors du retour. D’abord, la tranquillité des routes dans les grandes villes américaines, les stations services et les restaurants vides. Et ensuite, le Texas! La zone des puits de pétrole le long de la 10 entre Van Horne et Abilene. Tout était fonctionnel, les puits, les industries, les parcs de maisons mobiles, les restaurants. Le bordel régnait dans les stations services. J’avais l’impression d’être l’année d’avant. C’était comme si le Texas n’était pas en pandémie.

Les routes autour de Dallas et Fort Worth étaient désertes.

Le camping à Abilene était plein, beaucoup de snowbirds en mode retour. Nous y avons rencontré un couple d’américains qui s’en allait… en vacances en Arizona. Comme si de rien n’était.

Nous avons rencontré des problèmes avec les campings à partir de la Virginie. Ils étaient fermés en Virginie, en Pennsylvanie et peut-être même l’état de New York. Nous avons donc fait une journée de 12 heures et couché dans une station service de camionneurs avant d’entrer dans l’état de New York. La situation semble avoir changé depuis.

Les arrêts dans les zones de service et les « truck stops » sont nettement moins agréables que dans les campings.

Chemin faisant je cherchais un endroit où rentrer au Québec pour notre quarantaine. J’ai alors écrit au député d’Arthabaska Éric Lefebvre, lui posant plusieurs questions au sujet de l’hébergement et de la quarantaine. Ils nous ont même rappelé quinze minutes plus tard car on avait soulevé de bonnes questions et nous avons eu plusieurs discussions lors du retour.

De retour au Québec, sous la neige.

La suite de la vie nomade…

J’écris ces lignes alors que nous venons de terminer notre quarantaine au Camping vacances Bromont et on quitte jeudi pour notre camping d’été à Saint-Ferdinand. Toute une aventure. Mais c’est loin d’être terminé pour nous. C’est bien beau le confinement mais cela fait près d’un mois qu’on est confinés dans le VR, on a bien hâte de sortir et surtout voir des gens. Notre inquiétude actuelle est pour l’automne et l’hiver prochain. Allons-nous pouvoir partir? Les USA vont nous laisser entrer? Nos assurances médicales vont vouloir nous couvrir? Pas mal de questions sans réponse. À suivre…

Vous pouvez nous suivre sur Facebook sur notre page Rick, Suzie et Mya nomades.

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