« Quand on entre ici, on n’est plus à Saint-Jérôme! », illustre avec raison Alvaro Olveira, propriétaire de la Villa d'Este depuis 32 ans.

La Villa d’Este: 50 ans de gastronomie italienne dans un décor unique à Saint-Jérôme

Henri Prévost 7 commentaires

Non, ceci n’est pas une réclame publicitaire. Ni un publireportage. L’idée est plutôt de souligner la longévité exceptionnelle d’une institution jérômienne qui, depuis 50 ans, ravit les plus fins gourmets dans un décor tout à fait dépaysant.

C’est au début de l’année 1971 en effet que la Villa d’Este a vu le jour. À la fois célèbre et discret, il s’agit sans doute du plus ancien restaurant exploité depuis ses débuts sous le même nom à Saint-Jérôme. Si l’on exclut bien sûr l’incontournable casse-croûte Johnny, qui propose toutefois une expérience culinaire bien différente…

La Villa d’Este serait en quelque sorte un rejeton de l’Expo 1967 à Montréal, événement qui avait ouvert le Québec sur le monde et attiré chez nous beaucoup de gens de l’étranger. C’est le cas de Franco Spalvieri, arrivé d’Italie cette année-là pour travailler dans la restauration à l’Expo.

Il fait alors la connaissance d’une Jérômienne, Marcelle Courchesne, avec qui il forme bientôt un couple. Deux ans plus tard, ils s’expatrient en Californie et y travaillent dans des restaurants huppés, acquérant une profitable expérience. Marcelle s’ennuie toutefois bien vite de son patelin et souhaite revenir à Saint-Jérôme. Franco accepte, mais à condition qu’ils y ouvrent leur propre établissement de cuisine italienne.

Le même décor exotique depuis 50 ans

A l’époque, la gastronomie jérômienne se limite essentiellement à la Mère Catherine (plus tard connue comme la Maison Millaire), dans la maison patrimoniale Langwell récemment détruite par un incendie, et à l’Hôtel Lapointe, tout juste en face sur la rue Labelle. Franco et Marcelle installent leur restaurant un peu plus au sud, sur la rue St-Georges près de l’hôpital, là où se trouvait auparavant le commerce de voitures d’occasion de Marcel St-Aubin. Dès le départ, ils font preuve d’innovation, d’abord en offrant un menu de fine cuisine d’Italie, apparemment une première au nord de la métropole, mais aussi en aménageant l’endroit comme un véritable petit château, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur.

Baptisé Villa d’Este, le nouvel établissement évoque ce chef-d’œuvre de l’architecture italienne érigé au 16e siècle par le cardinal Hippolyte d’Este à Tivoli, près de Rome, un imposant complexe entouré de luxuriants jardins et aujourd’hui inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Plan historique de la villa par Étienne Dupérac (ca. 1570) qui constitue un des deux seuls documents d’époque.

Si le restaurant jérômien ne prétend évidemment pas concurrencer le modèle (!), il se dote d’un aménagement fort exotique, grâce au talent d’artisans italiens montréalais qui lui donnent un style rappelant l’époque médiévale.

Cinquante ans plus tard, ce décor n’a d’ailleurs à peu près pas changé, si ce n’est qu’à l’extérieur, le lierre a envahi la façade du petit château. À la limite d’être kitsch, cet
aménagement n’en demeure pas moins un attrait indéniable de la Villa d’Este. « Quand on entre ici, on n’est plus à Saint-Jérôme! », illustre avec raison Alvaro Olveira, qui est à la tête du restaurant depuis 32 ans.

Le décor tout à fait exotique n’a pas changé en cinquante ans! Photos par Charles Michaud/TopoLocal
Ajout récent: la terrasse.

Un incendie qui aurait pu tout gâcher

Dès son ouverture, la Villa d’Este remporte un franc succès. Malgré une fourchette de prix plutôt élevée, le restaurant se bâtit une clientèle attirée tant par la qualité de sa table que par le dépaysement procuré par les lieux. La lune de miel aurait pu être de courte durée puisque, peu de temps après l’ouverture, l’établissement est lourdement endommagé par un incendie qui ravage le garage Central Tire Shop d’Harold Sarrazin, situé juste à l’arrière.

Finalement, cet incident lui sera profitable puisque, quelques années plus tard, la Villa d’Este s’agrandira à même une partie de ce terrain voisin désormais vacant. (Pour la petite histoire, soulignons que le garage Sarrazin s’est pour sa part relocalisé sur la route 117 à Saint-Antoine, où ce commerce est toujours en affaires sous le nom de Pneus Villemaire.)

Vers la fin des années 1970, le couple fondateur se sépare. Franco Spalvieri poursuivra son aventure gastronomique à Miami, à Florence et même à Bogota en Colombie. Quant à Marcelle Courchesne, elle demeurera encore une dizaine d’années aux commandes de la Villa d’Este, ayant parfois recours à des partenaires pour soutenir financièrement l’entreprise.

Cofondatrice de la Villa d’Este en 1971, la Jérômienne Marcelle Courchesne est décédée en 2019, à l’âge de 83 ans. Photo tirée d’un avis de décès

Ainsi, en 1981, trois investisseurs jérômiens en étaient devenus propriétaires : l’avocat Marc Goupil, Richard Campbell et Maurice Gibeault (ce dernier alors – et encore aujourd’hui – propriétaire de chez Johnny!). L’association n’a toutefois pas duré et un début d’incendie d’origine suspecte a même entraîné la fermeture temporaire du restaurant. Plus tard, Marcelle Courchesne profitera de l’appui financier d’un homme d’affaires de Saint-Eustache. Et c’est peu après qu’Alvaro Olveira entre en scène.

De l’Uruguay… à Saint-Jérôme

Si la Villa d’Este a vu le jour il y a 50 ans, Alvaro Olveira en est le patron depuis 32 ans. Photo par Charles Michaud/TopoLocal

Natif d’Uruguay mais issu d’une famille aisée d’origine italienne, Alvaro étudiait à Montréal, où il a d’ailleurs complété une maîtrise en philosophie! Au hasard d’une rencontre, il fait la connaissance d’un autre Alvaro (Laterza), qui était alors maître d’hôtel à la Maison Millaire et qui lui offre un emploi de « buss boy » : à 24 ans, ce sera son tout premier job! De 13 ans son aîné, Laterza deviendra un véritable mentor pour le jeune Olveira. Chez Millaire, alors propriété de l’industriel jérômien Jack Lafave, ce dernier gravit progressivement les échelons pour devenir « gérant de plancher ».

À la suite de la vente du restaurant à des investisseurs asiatiques, l’établissement fait faillite et le jeune Alvaro perd son emploi. Il est cependant vite « repêché » par l’autre Alvaro qui, entretemps, s’était retrouvé à la Villa d’Este. Cet établissement étant à vendre, les deux décident de collaborer pour l’acquérir en 1989.

« Moi qui venais d’une famille d’intellectuels, je n’avais aucune notion de commerce et de finances », admet-il, heureux d’avoir pu profiter des sages conseils de son mentor pour se lancer ainsi en affaires, à l’âge de 26 ans. Cinq ans plus tard et déjà seul propriétaire du commerce à la suite du départ de son associé, Alvaro fait l’acquisition du bâtiment de la rue Saint-Georges et devient alors seul maître à bord.

Depuis, malgré les hauts et les bas incontournables, ainsi que les aléas de la dernière année pandémique, la Villa d’Este garde le cap, notamment grâce à des clients fidèles, dont certains fréquentent l’établissement depuis 50 ans!

Cette fidélité, on la constate aussi au sein du personnel dont le taux de roulement est très faible, se réjouit Alvaro. Il faut dire que lui-même se qualifie de « très stable ». Après tout, peu de restaurants peuvent se vanter d’avoir le même propriétaire durant plus de 30 ans.

Prendre soin des clients

La stabilité se reflète tout autant dans le menu raffiné (ris de veau, Châteaubriand flambé, osso bucco à la milanaise, mignon en chemise, crêpes Suzette et salade César préparées à la table, etc.), ainsi que dans le service attentionné. « Je n’ai jamais fait de concessions sur la qualité », assure le patron de la Villa D’Este, insistant aussi sur l’importance de prendre soin des convives et d’échanger avec eux. Une tâche dont il s’acquitte fort bien, naviguant avec aisance entre les tables du restaurant qui compte une soixantaine de places.

Depuis ses débuts et encore aujourd’hui, la Villa d’Este est une destination très prisée des gens d’affaires et « notables » de la région. Des « vedettes », telles que Claude Dubois, Patrick Norman, Michèle Richard, Réal Béland et les Denis Drolet (!), y mangent aussi parfois, tout comme des politiciens. L’actuel premier ministre François Legault en était un client régulier, à l’époque où il dirigeait Air Transat à Mirabel, puis lorsqu’il était député péquiste de Rousseau.

Alvaro Olveira n’en réserve pas moins un accueil tout aussi chaleureux aux clients « ordinaires ». Il se réjouit d’ailleurs de voir de plus en plus nouveaux venus, parfois établis récemment dans la région, découvrir à leur tour avec plaisir les charmes de « sa » Villa d’Este.

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7 réflexions à propos de <i>La Villa d’Este: 50 ans de gastronomie italienne dans un décor unique à Saint-Jérôme</i>

    • Comme vous , j’espère qu’après que la pandémie sera derrière nous , je puisse moi aussi aller découvrir ce restaurant , je suis sans mot , je cherchais le nom une ville d’Italie de 4 lettres  » ESTE  » et je me retrouve à la Villa Este à Montréal (Le monde est petit et génial) .
      M. Taillon je vous souhaites un moment spécial lors de vôtre repas et dégustation à l’italienne , un voyage gastronomique comme j’ai eu le plaisir de découvrir en Suisse lors d’un souper au Mont Salève dans une vielle bergerie à une hauteur de 109 mètres accessible en téléphérique (Un pur bonheur) et une dégustation préparé par un chef natif de Alma au LAC Saint- Jean.

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  1. I can no believe that a restaurant of 60 years has not redone the decor.
    I have been here b 4, the food is good, he decor has to change it’s like going in an old musky museum…. And no do no ask for english version of menu, they don’t have that!!!

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  2. C’est sans contredit le meilleur restaurant de la ville, voire de la région! Le service est toujours impeccable. Longue vie à la Villa d’Este! Merci pour ce bel article. 😊

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