Samedi à 10h50, au cénotaphe de Saint-Jérôme sur la rue Du Palais en face du cégep, se tiendra une cérémonie commémorant le sacrifice de toutes les personnes qui ont oeuvré et oeuvrent encore au sein des forces armées du Canada, autant en temps de guerre que dans la constante mission du maintien de la paix. Le cénotaphe arbore les noms des morts, mais le 11 novembre est l’occasion de souligner tous ceux qui ont fait partie des forces armées.
Parfois la synchronicité des choses est frappante. Je vous écris ces lignes le 11 novembre, peu après 11 heures. J’accompagne ce texte d’une photo prise hier, à une exposition sur le groupe Pink Floyd, où j’ai captée à la sauvette une image qui rappelle The final cut, un album qui évoque l’après-guerre 1939-1945.
J’ai aussi vu cette semaine le film À l’ouest rien de nouveau, un film de Edward Berger qui est un remake d’un film de 1930. Le film évoque la fin de la guerre 1914-1918. Le traité qui a mis fin à cette grande guerre prévoyait la fin des hostilités à la 11e heure, du 11e jour du 11e mois. D’où le fait qu’aujourd’hui on commémore les militaires le 11 novembre, chaque année.

J’accompagne aussi ce texte d’une photo plus personnelle. On y voit les médailles qui appartenaient à feu mon père, qui était major dans le régiment de Joliette et qui a passé « sa » guerre à Terre-Neuve, où son régiment était affecté à la surveillance des côtes atlantiques du Canada. Ce n’est pas le genre de mission qui fait l’objet de grands films ni de grande histoires de héros. Mon père n’avait rien du guerrier intrépide, mais tout du simple citoyen désireux de faire sa part pour une cause qu’il estimait juste. D’ailleurs, mon père, comme beaucoup d’hommes de sa génération, gardait ses souvenirs de guerre pour lui-même et ses camarades d’armée. Ces médailles et des vieux uniformes sont les souvenirs militaires que je garde de lui.

Je ne pourrais pas raconter son histoire. Surtout que le boomer que je suis a passé sa jeunesse a vouloir refaire le monde hérité de lui. Je ne sais donc rien de mon père soldat. Le peu que je sais, je le devine. Être loin de chez lui et des siens, loin de sa nouvelle épouse. Avoir une permission de quelques jours pour revenir voir sa première fille nouvellement née en 1943, puis repartir, lié à sa jeune famille par les lettres occasionnelles qu’il pouvait écrire à ma mère. Je sais que pendant ce temps, ma mère habitait chez ses parents avec son bébé. Une bonne partie de la vie quotidienne était en pause ( tiens, quelque chose qu’on a tous connu ) vu la guerre. Voilà. Je n’en sais rien de plus.
Je ne peux que deviner les sentiments d’isolement et de sacrifice de toute cette génération. J’en n’en ai comme seul héritage un sens du devoir que mon père a toujours représenté pour moi. C’est déjà très bien, et c’est ce que je retrouve dans cette photo de mon père, qui, cette année-là, avait été invité à déposer une couronne au cénotaphe au nom de l’un de ses amis. je ne me souviens plus.

C’est pour cela que je me rends au cénotaphe. Pour des motifs familiaux, évidemment.
Mais aussi pour des milliers d’hommes et de femmes qui se sont donnés pour leurs semblables. Certains modestement, d’autres en y laissant leur vie, leur santé, et parfois une partie importante de leur personne. Dans des guerres connues et des missions plus anonymes. Tout ça pour leurs semblables. Ça mérite qu’on se souvienne.
Quelle belle histoire. J’en suis très ému.
Ces hommes et ces femmes ont ouvert la voie pour la belle vie que nous connaissons.
Bien dit Charles. Je crois revoir mes propres souvenirs. Mon père de Hull, ma mère d’Ottawa. Il est envoyé au camp militaire de St-Jérôme où il passa la guerre. Jeune mariée ma mère passait beaucoup de temps chez ses parents à Ottawa où elle m’a mis au monde. Petit, assis sur le coin des rues Giguère et Labelle, je me rappelle en train de regarder passer des convois de soldats. Je me rappelle tout le temps passé au local de la Légion canadienne et du régiment de Joliette. J’ai aussi souvenir des anciens dont ton père.